lundi 25 mars 2013

Gladiateur 1 : Le combat pour la liberté de Simon Scarrow





Gladiateur 1 : Le combat pour la liberté 
Simon Scarrow
Editions Gallimard Jeunesse
364 pages

Quatrième de couverture
Empire romain, 61 av. J.-C.
Le père de Marcus est un ancien centurion qui a connu son heure de gloire en sauvant la vie du général Pompée, lors de la révolte des esclaves. Le temps a passé et, désormais, la famille mène une vie paisible dans la ferme d'une petite île grecque.
Soudain, tout s'effondre : un créancier fait assassiner son père et réduit en esclavage Marcus et sa mère. Vendu à une école de gladiateurs, le garçon affronte la brutalité de l'entraînement et des instructeurs. Mais Marcus est bien déterminé à survivre pour retrouver Pompée et obtenir justice !







Ma rencontre avec le livre
Vous l’avez compris depuis un moment, je suis plutôt intéressé (doux euphémisme) par l’Antiquité et en particulier par les Romains. En fouinant dans les prochaines sorties chez Gallimard jeunesse, j’ai donc tout de suite repéré cette série historique jeunesse parue fin février dernier. Les éditions Gallimard ont alors accepté de soumettre cette nouvelle parution à un romaniste pur sucre et je les en remercie. Verdict ?


Ma lecture du livre
Disons d’emblée ce qui fâche et faisons-le clairement (tant pis si je passe pour un romaniste tatillon et critique, après tout, c’est pour ça que je suis là) : nous tenons là un roman d’aventure honnête mais un mauvais roman historique. Explications.


Sous ces airs de roman jeunesse invitant à découvrir « l’empire romain comme vous ne l’avez jamais vu », Gladiateur : Le combat pour la liberté tente de se faire passer pour un roman historique, ce qu’il n’est en aucun cas. En effet, si on excepte quelques utilisations de termes latins dans le texte pour faire bonne figure, les gladiateurs ou le personnage de Pompée et de Spartacus, j’ai eu beaucoup de peine à voir les Romains dans ce livre. L’ « atmosphère romaine » que j’ai pu ressentir dans d’autres romans historiques est quasiment absente ici. L’auteur échoue à nous transporter à Rome (et pour cause, puisqu’on y met pas une seule fois les pieds pendant tout le roman).


Mais, plus grave que cette atmosphère peu présente, l’auteur se rend coupable de méconnaissances et d’erreurs grossières en voulant jouer avec une civilisation qu’il ne semble pas connaître si bien que ça. Cela transparaît dans les termes et le vocabulaire utilisé. Il emploie ainsi plusieurs fois le terme de prétorien de façon abusive et semble le confondre avec patricien (qui est lui aussi utilisé assez approximativement). Autre erreur grossière (mais ici, c’est peut-être le traducteur qui est à mettre en cause) : un personnage est originaire de Sparte et est appelé « le Sparte ». Ca ne vous choque peut-être pas mais en réalité, on dit « un Spartiate » (le nom Sparte pour désigner un individu existe mais renvoie à des personnages mythiques liés à la ville de Thèbes). Pour vous donner une idée de comment l’erreur sonne à mon oreille, c’est comme si on disait que les habitants de Rome s’appellent les Romes, ou ceux de Paris les Paris… Dernier exemple de terme utilisé de façon étrange (je me permets de le rajouter car il aura au moins eu le mérite de m’apprendre un nouveau mot) : l’utilisation du nom « cacique » (à nouveau, c’est peut-être lié à la traduction). Jamais entendu ce terme avant (je ne prétends pas connaître tous les mots de la langue française mais, quand même, dans un roman jeunesse, ça fait bizarre) et pour cause puisque, après recherches, j’ai découvert qu’il s’agit d’un terme au sens très précis et renvoyant à un modèle d’organisation politique de certaines tribus amérindiennes. Le terme est même tiré d’une langue amérindienne. Bref, rien à voir avec Rome, anachronique de le mettre dans la bouche d’un Romain (ok, si on devait écrire en respectant totalement la cohérence historique, on écrirait aucun roman historique) mais surtout, franchement, je ne vois pas l’intérêt d’utiliser un terme si compliqué et spécifique pour désigner ce qui finalement est un aristocrate ou un noble (on est d’accord, ces deux termes sont eux aussi connotés historiquement mais au moins ils ont le mérite d’être plus clairs). Bref, je me suis laissé emporté et l’historien a pris le pas sur le lecteur. Tout cela pour dire : si vous cherchez un bon roman historique, préférez plutôt la série Titus Flaminius de Jean-François Nahmias.


Faisons un peu taire l’historien et laissons la parole au lecteur standard qui n’ira pas chercher la petite bête et n’est pas forcément à la recherche d’un roman historique rigoureusement documenté. Pour un tel lecteur, Gladiateur : Le combat pour la liberté n’est pas un mauvais roman. Le livre se lit sans peine. Mis à part certains choix de vocabulaire (comme le cacique), le style est simple mais agréable et le suspens relativement bien tenu. Les retournements de situation sont plus ou moins bien amenés : certains sont des surprises agréables tandis que d’autres sont prévisibles trop longtemps à l’avance (comme la « révélation » finale).


Marcus, le personnage principal, s’avère assez attachant. Mais, j’ai eu léger problème quant à son âge. Dix ans me paraît bien trop jeune pour l’aventure et les actes qu’on lui prête. Je n’arrivais souvent pas à y croire et instinctivement pendant ma lecture j’avais plutôt tendance à visualiser un adolescent de minimum 13-14 ans.


Cette question de l’âge du héros m’amène à parler de l’âge du public visé. En effet, c’est assez surprenant que le roman  est donné « à partir de 10 ans » devant une violence assez explicite qui y est omniprésente. On est très loin de ce que propose le premier Harry Potter de ce côté là pourtant lui aussi destiné à un public à partir de 10 ans (je fais cette comparaison car le journal Telegraph affirme au sujet de Gladiateur : « Quand Poudlard rencontre Rome » ; j’avoue que je cherche encore le pourquoi du comment de la comparaison). Si ce n’est pas déplaisant pour moi d’avoir une vision qui ne soit pas trop édulcorée du monde des gladiateurs, ce point mérite d’être souligné pour mettre en garde les jeunes lecteurs qui pourraient être sensibles. De plus, à nouveau, cela renforce l’impression que le héros est trop jeune.




Finalement, le fait que les perspectives ouvertes pour le tome 2 (à paraître en 2014) me donnent envie de lire la suite me font dire que le livre n’est pas si mauvais que ça. Je l’ai lu relativement facilement et rapidement sans me forcer. La lecture est agréable mais j’ai connu mieux d’un point de vue reconstitution et éléments historiques. On sent que l’auteur n’est pas spécialiste de la période à laquelle il s’attaque et ça ne pardonne pas (pour moi qui suit spécialiste de cette période). Le côté roman d’aventure est néanmoins, lui, assez efficace même si on est parfois gêné par le ciblage assez approximatif du public (décalage entre un héros très jeune et une violence omniprésente).

6/10

mardi 19 mars 2013

La saga des ombres 4 : L’ombre du géant d’Orson Scott Card



Ender : La saga des ombres 4 : L’ombre du géant
Editions J’ai Lu (ou L’Atalante)
380 pages 

Quatrième de couverture
En parvenant à contrecarrer les plans d'Achille, Bean a évité d'un cheveu un désastre d'une ampleur inégalée. Petra et lui attendent aujourd'hui leur premier enfant, conçu in vitro, mais ils ignorent le sort qu'Achille a réservé aux autres embryons et s'ils portent en eux la maladie génétique dont souffre leur père.
Pendant ce temps, une guerre impliquant les autres anciens élèves de l'école de guerre - Alai, Virlomi, Vlad... - menace d'éclater. La Terre ne trouvera cependant son salut que dans l'unité, et celle-ci ne pourra s'incarner que dans un seul homme : Peter Wiggin, l'Hegemon. Bean est-il prêt à conclure un pacte avec le cruel frère d'Ender ? 

Chronique du tome 1 : La stratégie de l’ombre
Chronique du tome 2 : L’ombre de l’hégémon
Chronique du tome 3 : Les marionnettes de l’ombre





Ma rencontre avec le livre
Longue histoire entre cette saga et moi. J’avais reçu les trois premiers tomes de mes amis pour mon anniversaire qui n’avaient pas choisi cette série par hasard  : ils me savaient fan de la Stratégie Ender (qu’ils ont eux-mêmes découvert grâce à moi).
En ce qui concerne ce quatrième tome, je remercie les Editions J’ai Lu qui m’ont offert l’opportunité de découvrir ce roman à l’occasion de sa sortie poche en février 2013.


Ma lecture du livre
Première chose à dire : le résumé cité plus haut ne décrit pas totalement le contenu de ce dernier roman. Certes, Achille n’est plus là et l’enjeu politique du moment est d’unifier le monde, mais un autre aspect du roman (et selon moi celui qui en est le principal intérêt) réside dans la quête personnelle de Bean et Petra en lien avec la maladie du jeune homme et la recherche des enfants qui leur ont été volés.


Je viens de le dire : pour moi, l’intrigue géopolitique ne sert presque à rien. Hélas, c’est pourtant elle qui occupe les trois-quart du roman !  Horreur ! Par conséquent, le roman m’a paru assez creux. Il ne s’y passe pas grand chose mis à part le défilé des différents membres du djish d’Ender (une sorte d’au revoir général proche du fan service ?) et des considérations géopolitiques parfois douteuses. En effet, la vision du monde de l’auteur risque d'en faire grincer certains des dents. Je pense en particulier ici au tableau peu flatteur qu’il fait de l'empire musulman dirigé par Alaï. Soyons clair : toutes les puissances en action dans le roman sont critiquées et présentées comme coupables de massacres d’innocents et de la mort de leurs soldats, que ce soit l’Inde, la Chine ou la Russie (mais remarquez que ce sont toujours des concurrents actuels des USA…). Simplement, l’empire musulman est présenté comme le pire. Avec un auteur américain, on a toujours l’impression de voir planer le spectre d’un anti-islamisme latent sur le livre. En réalité, je pense qu’il faut se garder d’une telle critique envers l’auteur. Si je ne cautionne pas le caractère orienté que je viens d’évoquer, il faut laisser à l’auteur deux choses : 1) les USA ne sont pas présentées ici comme la première puissance ou comme les policiers du monde mais, au contraire, comme des lâches qui se cachent derrière leurs frontières et se désintéressent des affaires du monde ; 2) l’Islam en tant que tel n’est pas critiqué (bien au contraire, à plusieurs reprises au cours de la saga des ombres, Card, qu'on sait fervent croyant, a fait sien certains aspects de cette religion et de son message  tandis que le personnage d’Alaï, musulman éclairé, est tout à fait positif) et c’est plutôt l’instrumentalisation de la religion qu’il met en scène et condamne (pas innocemment car immanquablement le lecteur fait le lien avec le contexte et le discours américain actuel…).

Bref, revenons à notre intrigue : on a donc finalement l’impression que l’auteur tire en longueur et on se dit, à la vue du remplissage qui caractérisait déjà les tomes 2 et 3, qu’il aurait pu faire plus court… Ou alors, il aurait pu donner plus de place à la quête personnelle de Bean qui se perd malheureusement dans le reste.

 

Mais, on persévère et on ne le regrette pas. Car, si on peine à avancer pendant les chapitres de remplissage, la fin du roman remonte le niveau. Les deux derniers chapitres à eux seuls font que je ne regrette pas ma lecture. Ils sont à la fois puissants par la « conclusion » de l’histoire Bean/Petra (on reviendra plus loin sur ces guillemets) et jubilatoires par les liens tissés avec le cycle principal d’Ender et surtout les retrouvailles entre deux personnages. Les personnages principaux sont en effet, comme toujours chez Card qui parvient à leur donner une réelle épaisseur psychologique, le principal intérêt du roman. J’émettrai cependant une réserve quant à l’évolution du personnage de Peter. Si je suis en quelque sorte content pour lui à la fin, je trouve dommage d’aseptiser l’enfant sadique et manipulateur que l’auteur avait mis en scène dans ses premiers romans.




Autre point important : la suite. Car oui, même si ce roman était présenté comme le dernier tome de la saga des ombres, l’histoire ne me semble pas terminée. La situation sur terre et la restauration de la fonction d’hégémon sont réglées mais des pistes restent ouvertes en ce qui concerne la quête personnelle de Bean sur deux points. Si l’une des ouvertures (la fin du roman) peut être considérée comme un choix assumé de fin ouverte, l’autre point, en lien avec l’héritage d’Achille (le méchant des tomes précédents) demande selon moi à être résolu car les enjeux sont trop importants pour prétexter ici aussi une fin ouverte. J’imagine que des réponses seront données dans Shadow in Flight (déjà paru en VO) et Shadow Alive (à paraître) dont je ne vous dirai rien de l’intrigue pour ne pas vous spoiler la fin de ce roman. Sachez seulement que j’ai de grandes attentes pour ces deux livres qui vont voir se resserrer encore plus étroitement les liens entre les différents romans du cycle d’Ender. Serait-ce là l’aboutissement de toute la série ? L’avenir nous le dira !


En bref : un dernier tome qui est malheureusement dans l’ensemble décevant mais qui est sauvé par la conclusion qu’il apporte à l’aventure terrienne de Bean. Si l’intrigue géopolitique est en grande partie sans intérêt, on suit toujours avec plaisir les personnages eux-mêmes dans leur quête personnelle. Dommage qu’il faille en passer par ces longues considérations politiques pour enfin avoir le fin mot de l’histoire de Bean et Petra. Mais heureusement, cette conclusion est à la hauteur… en attendant la suite !



Difficile de mettre une note : la qualité des deux derniers chapitres et de quelques passages suffit-elle à justifier une bonne note ? Mettre une bonne note ne risque-t-il pas de tromper sur une grande partie ennuyeuse du livre ? Bref, mettons la moyenne, avec un petit plus pour la fin :
6/10

lundi 11 mars 2013

[BD] Alix senator, tome 1 : Les aigles de sang de V. Mangin & T. Demarez (d’après l’œuvre de Jacques Martin)


Alix senator, tome 1 : Les aigles de sang 
Valérie Mangin (scénario) & Thierry Demarez (illustrations) 
D’après l’œuvre de Jacques Martin
Casterman (48 pages)

Quatrième de couverture 
12 avant Jésus-Christ. Marcus Aemilius Lepidus, grand pontife de Rome, et Agrippa, successeur désigné du puissant empereur Auguste, sont mystérieusement assassinés par des aigles qui leur déchirent les entrailles.
Alarmé par ces événements, Auguste charge son vieil ami le sénateur Alix Gracchus d’enquêter discrètement. Une enquête qui conduira Alix, assisté de ses fils Titus et Khephren (le propre rejeton d’Enak, qu’Alix a adopté après la disparition de celui-ci) sur la piste de l’énigmatique maître des oiseaux. Pourtant, le danger persiste à se rapprocher encore de l’empereur en personne, de plus en plus près. Et Alix va finalement découvrir que le plus dangereux des rapaces se niche au cœur même de Rome, là où nul ne pouvait le soupçonner…





Ma rencontre avec le livre
Etant passionné d’histoire romaine, j’avais repéré cette BD dans la sélection du dernier festival d’Angoulême. Malheureusement, comme souvent avec les BD, je ne passe pas à l’achat car le prix des albums comparé au temps de lecture m'en dissuade. Mais, dans ce cas, j’ai eu la chance de tomber sur l'opération Angoulême de Priceminister qui offrait aux bloggeurs la possibilité de découvrir gratuitement une BD de la sélection du festival en échange d’une critique. J’ai donc postulé pour Alix Senator et je remercie les responsables de l'opération de m'avoir retenu.

Avant toute chose, il faut aussi que je fasse mon « mea culpa » de circonstances : je me prétends passionné d’histoire romaine, je me suis spécialisé dans la période couverte par les albums d’Alix (à savoir la fin de la République et le passage au Principat/Empire) et je n’ai jamais lu la série originale de Jacques Martin mettant en scène un jeune gaulois (Alix) adopté par un sénateur romain et se retrouvant ainsi mêlé à des enquêtes qui ont pour décor la période où s’affrontent Jules César et  Pompée. Voilà, c’est dit ! Il s’agit peut-être d’une lacune à ma culture (que je compte bien rattrapé car je suis tombé sous le charme de cette BD) mais l’avantage, c’est que cette critique sera celle d’un lecteur au regard neuf, affranchi des comparaisons avec la BD originale de Jacques Martin.
A noter : si je serai donc objectif du point de vue des comparaisons avec les anciens albums, je risque d’être pointilleux sur les éléments historiques puisque je me suis spécialisé pendant mon master d’histoire romaine précisément sur cette période du règne d’Auguste !




Ma lecture du livre
La BD nous présente un Alix âgé de 50 ans, installé à Rome et devenu sénateur. Accompagné de ses deux fils (dont un Egyptien adopté), il va devoir résoudre un nouveau mystère : les assassinats de deux personnages majeurs de l’époque : Lépide, le Grand Pontife (le principal prêtre de Rome) et Agrippa, le bras droit et conseiller d’Auguste.

L’intrigue ainsi mise en place est intéressante. On devine, certes, très vite les éléments de résolution de l’enquête mais cela n’enlève rien à la qualité des ficelles utilisées par les auteurs. En effet, toute l’intrigue est basée sur des éléments précis du contexte religieux/politique de cette période mais pas forcément sur des choses auxquelles on s’attendrait. Le choix d’utiliser le problème des flamines (prêtres) de Jupiter m’a semblé très original pour deux raisons : premièrement ce n’est pas un élément qu’on met souvent en avant lorsqu’on évoque cette période dans les œuvres de divertissement ; deuxièmement, le sens dans lequel ce problème est présenté permet de donner un éclairage un peu à contre-courant de la présentation habituelle de l’empereur Auguste.

C’est là en effet une des choses qui m’a plu : le traitement d’Auguste (je m’arrête un peu sur ce point car il s’agit d’un de mes personnages historiques préférés). Les auteurs ont pris le parti d’adopter une vision mesurée et toute en nuance du personnage. Je les salue sur ce point car il aurait été tellement facile (et si peu original) de suivre soit la vision antique de l’empereur idéal soit la vision moderne, véhiculée par exemple par la série Rome, du sadique manipulateur et mégalomane. Le but des auteurs n’était bien sûr pas de se concentrer sur la figure historique d’Auguste mais on voit quand même ici un certain soin dans le traitement historique des personnages.

 Venons en maintenant justement aux questions de la cohérence historique. Je n’ai pas pu m’empêcher de noter quelques incohérences/anachronismes/raccourcis historiques. Bien sûr, vous me rétorquerez qu’il s’agit là d’une BD et pas d’un ouvrage d’histoire. Et, même si ma fibre d’historien ne peut pas s’empêcher de tiquer, je suis d’accord avec vous : c’est du détail. Et je pardonne d’autant plus qu’à d’autres moments, les auteurs font preuve d’un souci du détail qui m’a bluffé. Exemple concret : Auguste était le grand-père de cinq enfants qui ont fait l’objet de mon mémoire de Master. Ces enfants n’ont pas de rôle dans l’intrigue de la BD mais les auteurs les ont quand même glissé dans certaines bulles au milieu de la foule (par exemple pendant les funérailles d’Agrippa) et un œil averti pourra les repérer et les identifier. Ce genre de détail, qui passera inaperçu pour la majorité des lecteurs (qui contrairement à moi ne font pas une fixation sur ces enfants ^^), révèle à nouveau le soin apporté au contexte historique.

Soin apporté également dans les illustrations et les magnifiques vues de Rome. En effet, le style des illustrations m’a conquis : la palette de couleur fonctionne à merveille pour donner vie à la ville de Rome et à ses monuments dans des cases s’étendant parfois sur une demi-page. A nouveau, bien sûr, un archéologue pourrait grincer des dents devant certaines reconstitutions mais on pardonne de nouveau facilement devant le plaisir avec lequel  on s'amuse à repérer dans les décors des allusions précises à certains monuments comme l’Ara Pacis, présenté en arrière plan lors d’une scène se déroulant devant le mausolée familial d’Auguste. Mais stop, j’ai assez fait d’histoire dans cette chronique (déformation professionnelle) !



Pour conclure, revenons donc à la BD en elle-même. Je pense que vous l’avez compris : j’ai beaucoup aimé cette lecture. Une intrigue prenante, des personnages attachants, un contexte et une atmosphère que j’ai trouvés bien reconstitués. J’ai littéralement dévoré cette aventure d’Alix senator. Un seul défaut : l’aventure est trop courte et se finit trop vite (mais c’est là une critique que je fais en général à toutes les BD).
Une chose est certaine : je lirai sans hésiter le tome suivant, d’autant plus que les dernières bulles ouvrent l’aventure dans une direction qui m’intrigue fortement. Malheureusement, celui-ci ne sort qu’en septembre 2013 ! Je pense que je vais donc mettre cette attente à profit pour découvrir la série originale mettant en scène Alix adolescent !

17/20

mercredi 6 mars 2013

Les secrets du temps d’Anaé Braden Flinn




Les secrets du temps d'Anaé Braden Flinn
Editions Persée (350 pages)

Quatrième de couverture 
Dans quelques jours, Dhari fête sa Célébration et, contrairement à Gundra, son ami d’enfance, elle n’aspire qu’à mener la vie simple et sans surprise qu’elle a choisie depuis longtemps, celle de soignante au sein de son village. Mais le destin s’évertue parfois à tout compliquer en faisant, par exemple, débarquer sur votre planète reculée des confins galactiques : une archéologue terrienne, un spécialiste des migrations des peuples, et un pilote de vaisseau coordinateur en ingénierie planétaire, tous en quête d’une civilisation disparue depuis plus de cinq millénaires : les Naweli. De là à répondre à un rêve prophétique et à partir dans les étoiles à la rencontre du dernier Gardien d’un savoir oublié, il n’y a qu’un pas que Dhari ne franchira pas seule.
Née en 1962, Anaé Braden Flinn a suivi un cursus universitaire en archéologie classique. Après plusieurs participations à des chantiers de fouilles, elle a passé un DEA traitant du temps cyclique et de la civilisation de l’Indus. Il lui a fallu quelques années pour écrire une histoire où se mêlent des problématiques temporelle, archéologique et spirituelle et ainsi nous transporter au XXVIIIe siècle après J.-C.




Ma rencontre avec le livre
C’est grâce au site Livraddict, en collaboration avec les Editions Persée, que j’ai pu découvrir ce roman dans le cadre des partenariats proposés chaque semaine par ce site de lecture à ses membres. Je les remercie tous deux pour l’occasion qu’ils m’ont donnée de lire ce roman dont le synopsis, mêlant archéologie et science-fiction, avait d’emblée éveillé mon intérêt.



Ma lecture du livre
Les secrets du temps se présente comme un roman de science-fiction a priori peu original par son intrigue de départ : la recherche, par une équipe de scientifique, de mystérieux prédécesseurs qui auraient vécu sur Terre avant notre civilisation et l’auraient quitté suite à un cataclysme. Pourtant, par son traitement, le livre se démarque des histoires similaires que j’ai pu lire par ailleurs. Pas de batailles spatiales, de courses poursuites effrénées ou de duel avec des armes futuristes ! Le récit se concentre en fait sur l’exploration de planètes, les rencontres avec différents peuples, la découverte de vestiges ou de documents venant petit à petit éclairer le mystère de cette civilisation terrienne disparue. Personnellement, cela ne m’a pas posé de problème et à aucun moment je ne me suis ennuyé. La quête des personnages est très prenante et j’ai d’emblée plongé dans cette enquête archéologico-spatiale. Le pitch de départ n’est donc pas en soi forcément très original mais le traitement qui en est proposé fonctionne et on se prend au jeu. Seuls quelques facilités en ce qui concerne le traitement des éléments linguistiques (langues, compréhension, traduction de certains documents etc…) m’ont paru un peu bancales.


Les personnages sont peu nombreux mais bien posés et efficacement utilisés. On peut regretter qu’il n’y ait pas de réel attachement envers un personnage qui serait le héros dans la mesure où il n’y a pas de héros unique qu’on suit de façon privilégiée. Cependant, le personnage de Dahri obtient malgré tout ma préférence. Petite mention aussi pour le « méchant » de l’histoire qui parvient à faire peser une certaine tension sans qu’on tombe dans le cliché d’une menace toute puissante et maléfique.


Le fil de l’intrigue est donc prenant et les personnages agréables à suivre. En revanche, j’ai été un peu déçu par la conclusion de tout cela. La fin arrive trop vite (ce qui est traité dans l’épilogue aurait largement pu donner lieu à un développement très intéressant) et surtout j’ai eu un peu de mal avec le côté mystique des révélations. Mais le défaut n’est pas trop grave dans la mesure où l’auteur ne s’embarque pas dans une pseudo-apologie d’un mode de pensée alternatif présenté comme une révélation à même de résoudre tous les problèmes du monde (chose qu’on voit un peu trop souvent dans certains romans utilisant une veine mystique dans leur intrigue). Ici, le côté mystique est seulement présent en tant qu’élément de la culture de certains des peuples rencontrés et n’est en aucun cas présenté comme une modèle absolu de pensée dont l’auteur ferait l’apologie. Ma critique vient donc plutôt du fait que la théorie mystique prêtée à ces peuples n’est pas forcément toujours claire et bien explicitée.


Enfin, Anaé Braden Flinn écrit dans un style très clair, léger et globalement agréable. Parfois, j’ai même trouvé que ce style était un peu trop simple, se privant de descriptions plus poétiques ou lyriques à des moments où cela ne m’aurait pas dérangé de « rêver » un peu plus. De manière générale, certains passages se seraient prêtés, selon moi, à des descriptions et développements plus détaillés ou à des réflexions plus poussées sur les sociétés rencontrées au cours de l’aventure. Mais c’est peut-être là mon côté historien et archéologue qui prend le pas sur le lecteur-loisir et qui reste donc sur sa faim quand on en vient à parler sciences humaines ! C’est donc un manque qu’un autre lecteur ne ressentira peut-être pas.



En bref : un roman qui allie science-fiction et archéologie au service d’une idée pas révolutionnaire mais très originale dans son traitement et l’évolution de l’histoire. Une écriture aisée à suivre mais qui parfois passe peut-être à côté du potentiel de certaines scènes/tableaux qui auraient pu être plus développés. Les amateurs de science-fiction et d’énigmes archéologiques apprécieront sans aucun doute ce roman dont la force est sans doute, justement, d’avoir été écrit par une auteur qui connaît et pratique ces deux univers.

7,5/10

CITRIQ


samedi 2 mars 2013

Percy Jackson 2 : La mer des monstres de Rick Riordan


 

Percy Jackson 2 : La mer des monstres
Rick Riordan
Editions Albin Michel et Le livre de Poche
314 pages

Quatrième de couverture
Etre le fils de Poséidon, un honneur ou une cruelle plaisanterie ? Lorsqu'une simple partie de foot se change en bataille contre un gang de cannibales géants, Percy le demi-dieu a un terrible pressentiment... Comme le lui annonçaient ses étranges cauchemars, les frontières magiques qui protègent la Colonie des Sang-Mêlé sont empoisonnées. Pour sauver leur domaine, Percy et ses amis devront parcourir la mer des Monstres, qui porte bien son nom.






Cela faisait un petit moment que je me disais qu’il fallait que je me replonge dans les aventures du demi-dieu Percy Jackson sachant que cela fait plus d’un an que j’ai lu le tome 1 ! Malheureusement, les retrouvailles avec ces héros mythologiques transposés dans l’Amérique actuelle n’ont pas été transcendantes.


Il m’a fallut un bon petit moment pour réussir à ré-entrer dans l’intrigue. Cela est sans doute lié au fait que j’avais en grande partie oublié les différents personnages et les grandes lignes de l’intrigue. Mais, indépendamment de cela, j’ai été un peu rebuté par un style trop facile et un intrigue peu convaincante pendant la première moitié du livre.


Il faut cependant reconnaître que Rick Riordan a quelques atouts dans sa manche. En premier lieu, on peut citer son humour ! Certaines scènes et certains dialogues sont vraiment très drôles et on a le sourire aux lèvres en lisant. La transposition des dieux grecs et de leurs attributs/fonctions dans la société américaine actuelle donne en effet parfois lieu à des mises en scènes plutôt sympathiques. J’ai par exemple beaucoup aimé la présentation qui est faite d’Hermès.


Enfin, si l’intrigue de ce deuxième tome ne m’a pas plus emballé que ça, les perspectives ouvertes à la fin du livre pour les tomes suivants sont tout à fait alléchantes. Je vais juste essayer de ne pas attendre de nouveau deux ans pour lire la suite cette fois-ci !




Pour résumer : une lecture rapide et souvent drôle, mais dont l’intrigue est un peu facile et pas toujours convaincante. On retrouve l’humour lié à la collision dieux grecs/société américaine mais on perd la fraîcheur de la découverte qui donnait sa saveur au premier tome. Espérons que les perspectives scénaristiques ouvertes pour la suite redonnent un peu de souffle à l’histoire. Bref, une lecture qui ne me laissera pas une forte impression (comme en témoigne cette chronique peu inspirée...)

5/10
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