vendredi 27 avril 2012

[Et Cetera 6] Cinéma : The Avengers


 


Réalisation : Joss Whedon
Scénario : Joss Whedon
Acteurs principaux :  Chris Hemsworth, Tom Hiddleston, Robert Downey Jr., Samuel L. Jackson, Chris Evans, Mark Ruffalo, Scarlett Johansson.

 Lorsque Nick Fury, le directeur du S.H.I.E.L.D., l'organisation qui préserve la paix au plan mondial, cherche à former une équipe de choc pour empêcher la destruction du monde, Iron Man, Hulk, Thor, Captain America, Hawkeye et Black Widow répondent présents.
Les Avengers ont beau constituer la plus fantastique des équipes, il leur reste encore à apprendre à travailler ensemble, et non les uns contre les autres, d'autant que le redoutable Loki a réussi à accéder au Cube Cosmique et à son pouvoir illimité...







Bon alors, les films de super-héros, en général je regarde sans grande conviction. Mais là, j’avoue, c’était plutôt sympathique ! La recette : y aller sans a priori, avec une bande potes et dans l’optique de passer simplement un bon moment, sans prise de tête.



Je précise que je n’ai vu aucun des films de super-héros présents dans ce cross-over réunissant Thor, Iron Man, Hulk, et Captain America entre autres ! Je suis en effet plutôt X-men, Batman et parfois Spiderman. J’ai donc débarqué en néophyte dans le monde Marvel en ayant un peu peur de ne pas resituer les différents personnages. Et là, premier bon point du film : chaque personnage dispose de sa petite présentation permettant d’en cerner l’histoire, ses motivations, ses doutes etc… Bref, le film ne démarre pas comme une explosion d’action mais se donne le luxe de poser des supers-héros quelque peu développés.Un bon point en particulier à Hulk qui est sans doute le plus intéressant. Également un bonus pour Iron Man et son ironie et son second degrés omniprésent. Comment ne pas saluer non plus Scarlett Johansson toujours aussi séduisante ! Enfin, la présence en guest de l'actrice incarnant Robin Scherbatsky dans la série How I met your Mother était sympa aussi !



Concernant le scénario, ne vous attendez pas cependant à des merveilles ! Un méga-méchant veut utiliser une méga-source d’énergie pour faire venir dans notre monde une méga-armée de méga-méchants méga-nombreux ! Notre coalition de super-héros va alors devoir, malgré les difficultés, travailler ensemble pour contrer ce plan méga machiavélique.


Mais l’intérêt est justement là : la coalition des Avengers. Le principe du cross-over est toujours séduisant mais peu facilement faire un plat si mal utilisé. Ici, ce n’est pas le cas. Chaque héros garde son espace d’indépendance, son rôle et surtout sa personnalité. Ce qui est finalement le plus jouissif dans ce film pour l’habitué des Marvel, c’est la confrontation entre les morales opposées de certains personnages. Même en n’étant pas un habitué, j’ai beaucoup apprécié le contraste entre le patriotisme et le sens du devoir de Captain America d’un côté et le côté « je n’en fait qu’à ma tête » de Iron Man. Dommage qu’au final ce soit toujours la bonne morale et vision americano-centrée du monde qui triomphe.


Visuellement, c’est  réussi. Les effets spéciaux sont sympa. Il y a juste le coup des baleines volantes qui est un peu étrange sur la fin mais passons.




En résumé, un bon film de super-héros avec tout ce que ce type de film pré-suppose (scénario attendu, vision américaine à gogo…). Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit, dans la catégorie divertissement pur, d’un bon cru. Si vous êtes allergiques à ces blockbusters de super-héros passez votre chemin. Autrement, les amateurs du genre ne pourrons que aimer. Ceux qui, comme moi, sont peu habitués mais n’ont rien contre le genre s’y retrouveront aussi. Bref, une bonne occasion de sortie ciné entre potes.

mardi 24 avril 2012

Le Chaos en Marche 1 : La voix du couteau de Patrick Ness

A l'occasion de la sortie en poche du tome 3 de la trilogie du Chaos en marche de Patrick Ness chez Gallimard Jeunesse, je vous propose ma chronique (rédigée il y a plus d'un an mais jamais publiée) du premier tome de cette exceptionnelle trilogie de science-fiction / distopye :
 La voix du couteau. Gros coup de cœur !




Patrick Ness - 2009
Gallimard Jeunesse - 440 p. (528 en poche)

Quatrième de couverture
C'est l'année de ses treize ans et, dans un mois, Todd Hewitt va devenir un homme. Il est le dernier garçon de Prentissville. Cette ville de Nouveau Monde est uniquement peuplée d'hommes. Depuis longtemps, toutes les femmes et les enfants ont disparu. A Nouveau Monde, chacun peut entendre les pensées des autres, qui circulent en un brouhaha incessant, le Bruit. Nul ne peut échapper au Bruit, nulle part, jamais...









Un jeune garçon élevé dans une ferme dans un village isolé. Nous sommes loin d’un début de roman original ! Mais rajoutons : une planète récemment colonisée, une mystérieuse maladie ayant décimé toutes les femmes et surtout le Bruit (flot continu des pensées des êtres qui nous entourent et qu’on ne peut s’empêcher d’entendre) et nous voilà avec les jalons de l’excellente intrigue initiée par la Voix du Couteau, premier volet de la trilogie du Chaos en marche de Patrick Ness.


Ce roman de science-fiction  se démarque par son univers original :  imaginez la société de La petite Maison dans la Prairie et ajoutez-y une pincée de SF. En effet, le lecteur suit le jeune Todd dans sa découverte d’un monde récemment colonisé et inspiré du quotidien des fermiers américains du XIXème siècle. Là où Patrick Ness se démarque c’est par la rencontre de cette société et d’éléments propres à la science-fiction : pas de sabres lasers ou de batailles spatiales mais ce Bruit déjà évoqué, une jeune fille tombée du ciel, une race exterminée par les hommes… Les idées de l’auteur pour peupler son monde sont nombreuses et innovantes, loin des conventions du genre, et nous offrent un réel sentiment d’originalité.


Mais ce qui rend surtout ce livre incontournable, c’est sa langue. Ce que lit le lecteur, c’est le Bruit de Todd, le flot continu de ses pensées, pensées qu’il ne peut contrôler ou filtrer. Par conséquent, nous nous retrouvons nous aussi confrontés à cette violence des mots, à cette langue dure et agressive qui dit les choses telles qu’elles sont, sans passer par la  belle langue habituelle en littérature. Je ne cache pas qu’au départ ce choix stylistique oblige à prendre sur soi pour surmonter les première pages et accepter cette âpreté de la langue. Mais c’est là que réside la richesse du roman.


La langue n’est pas le seul élément dérangeant. L’auteur propose une véritable dystopie (récit dépeignant une société en disfonctionnement) : les thèmes abordés sont tout aussi sombres et invitent à s’interroger sur l’extermination d’un peuple, le mépris des hommes pour les femmes, la légitimité de la violence...



Bref, avec la voix du couteau, nous tenons une perle rare. Loin de s’enfermer dans des clichés et des codes restrictifs, Patrick Ness nous offre un roman qui ose autant sur le plan de l’histoire et des thématiques que sur celui de la forme et de cette langue si particulière. On se laisse emporter par le Bruit de Todd… et on aime ça !
 COUP DE CŒUR
10 / 10



CITRIQ

vendredi 20 avril 2012

[Partenariat] Gallimard Jeunesse : Quelques minutes après minuit de Patrick Ness

Bonsoir (c'est de circonstance étant donné le titre du livre, désolé si vous lisez cet article en plein milieu de la journée !).

J'ai le plaisir de vous annoncer la concrétisation de mon second partenariat avec une maison d'édition. Après les Editions du Petit Caveau (voir article ici), c'est au tour de Gallimard Jeunesse de m'accorder sa confiance. Merci à l'équipe de la page facbook On lit plus fort de m'avoir orienté et à la responsable du service presse d'avoir si aimablement répondu à ma demande.


Au programme, le nouveau roman de Patrick Ness, Quelques minutes après minuit. Patrick est L'auteur coup de coeur pour moi de ces deux dernières années avec la trilogie du Chaos en marche. Son écriture innovante, sa langue apre mise au service d'une histoire originale et profonde m'ont conquis depuis que je l'ai découvert en 2010. A l'occasion de la sortie en poche du troisième et dernier tome du Chaos en marche intitulé  La guerre du Bruit, je vous proposerai d'ailleurs dans les jours à venir ma chronique du premier volet de la trilogie (oui je sais, ce n'est pas chronologiquement cohérent mais il s'agit d'un texte que j'ai rédigé il y a de cela un petit moment et que je n'ai jamais publié. Je me dis que c'est l'occasion).

Mais revenons-en à notre partenariat actuel. Trêve de bavardage, voici la quatrième de couverture de ce roman sur lequel je fonde de très grandes attentes :


Depuis que sa mère est malade, Conor redoute la nuit et ses cauchemars. Quelques minutes après minuit, un monstre apparaît, qui apporte avec lui l'obscurité, le vent et les cris. C'est quelque chose de très ancien, et de sauvage. Le monstre vient chercher la vérité.


Résumé qui en dit peu mais qui intrigue. La fiche d'information du partenariat indique quant à elle que l'histoire tourne autour de la relation entre le héros et sa mère gravement malade. Les critiques anglophones sont unanimes : fascinant, émouvant, perspicace, déchirant, poignant mais tendrement ironique... Tels sont les qualificatifs qui reviennent dans The Times et d'autres journaux. Verdict d'ici peu de temps étant donné mon impatience de le commencer !


Et pour finir l'une des nombreuses illustration de ce livre qui s'avère un véritable bijou et procure un immense plaisir du seul fait de le tenir entre les mains et de le regarder.


jeudi 19 avril 2012

[Et Cetera 5] Cinéma : American Pie 4


Parce que de temps en temps ça fait du bien d’aller voir une comédie, juste pour rigoler (et parce qu’on a gagné des places gratuites pour l’avant-première ! Merci NRJ !), je suis allé voir American Pie 4.


 
Date de sortie : 2 mai 2012 (1h 54min)
Réalisé par : Jon Hurwitz, Hayden Schlossberg
Avec : Jason Biggs, Alyson Hannigan, Chris Klein plus
Genre : Comédie

Synopsis (tiré de Allociné) :
 Comme le temps passe…Souvenez-vous de cette année 1999 où quatre lycéens d’une petite ville du Michigan décidèrent d’en finir avec… leur virginité. Quête héroïque, burlesque, inoubliable… Une décennie plus tard, Jim (Jason Biggs) et Michelle (Alyson Hannigan) sont mariés, Kevin (Thomas Ian Nicholson) et Vicky (Tara Reid) sont séparés, Oz (Chris Klein) et Heather (Mena Suvari) se sont éloignés à contrecœur, tandis que Finch (Eddie Kaye Thomas) soupire encore après… l’extravagante mère de Stifler (Jennifer Coolidge). Quant à Stifler (Seann William Scott), rien ne le changera jamais. Amis d’hier, amis de toujours, ces jeunes hommes attendaient depuis longtemps de pouvoir se réunir le temps d’un week-end pour se remémorer leurs exploits d’antan et y puiser de nouvelles inspirations. Que la fête commence !




Elle est bien loin l’époque où, jeune collégien, j’ai ri devant les gags de la tarte au pomme, de la maman de Stiffler et autres. J’étais jeune (bon je suis pas encore vieux hein !) et je me souviens que American Pie 1 est resté un film mémorable ! Les nombreuses suites, je les ai zappées. Sauf American Pie – Marions-les dont je ne garde aucun souvenir mis à part le fait que je l’ai vu !


Qu’allait-il donc en être de ce retour si loin en arrière ? L’humour potache allait-il encore fonctionner ? Et bien la réponse est oui, enfin non, en fait c’est différent ! Je m’explique.


On retrouve toute la bande de départ : fini les épisodes annexes et spin-off avec des personnages sortis de nulle part : on retrouve la bande de héros du premier film (dont l’actrice qui jour Lilly dans How I met your mother) avec Stiffler qui reste bien sûr le plus mémorable. La différence ? Comme nous, ils ont vieilli. Fini les ados qui sortent du lycée : ils sont mariés (ou pas), ont un boulot sympa (ou pas) et ont des enfants (ou pas !). Bref, on sent dès le départ que le ton est donné. On retrouve l’équipe de départ, ce sera un American Pie avec son humour sous la ceinture mais on s’oriente vers un film plus construit, plus « réfléchi » sur le fait de vieillir, de faire le bilan des rêves de fin du lycée comparé à ce qu’on a finalement obtenu. En effet, le film voit tous les protagonistes se réunir à l’occasion d’une fête de retrouvailles des anciens de leur lycée. Certains y vont pour revoir leurs amis, d’autres parce qu’ils espèrent que rien n’aura changé, que ce sera comme avant. Confrontés au temps qui a passé, la bande d’ami devra apprendre à accepter d’avoir vieilli. Une histoire qui est donc




Le scénario m’a donc agréablement surpris (on reste dans une comédie américain, entendons-nous bien mais on nous présente une histoire en phase avec le public du premier épisode qui lui aussi à évolué et peut donc se reconnaître dans ces questions. En cela, c'est une bonne chose !). Le casting est également sympa. On retrouve les têtes connues, on a droit à quelques guest-stars (par exemple, Lilly n’est pas la seule à venir de HIMYM ! Mais je vous laisse la surprise !). On ne leur demande pas de jouer de grands rôles certes, mais là n’est pas la question. Ils sont convaincants en trentenaires qui se cherchent et se posent des questions.




L’humour est quant à lui bien présent. On rit de bon cœur et ça fait du bien. Les blagues « American Pie » sont bien sûr les plus présentes mais on a également droit à quelques références plus discrètes qui feront le plaisir, par exemple, des fans de Terminator. Les allusions au premier épisode sont nombreuses et pour cause puisque le scénario repose sur ces retrouvailles.



Bref, une agréable surprise. Un moment de détente bienvenu en ces périodes de partiels et autres examens. On rit, on ne se prend pas la tête, les personnages sont attachants. Ce n’est pas le film du siècle ni la comédie de la décennie mais entre un Battleship ou autre blockbuster bourré d’action et un American Pie, je vous conseille plutôt cette comédie ! Fini la période des suites réchauffées et lourdes. American Pie 4 revient aux sources tout en évoluant et ça fonctionne.

mardi 17 avril 2012

Top Ten Tuesday 5


Cinquième Top Ten Tuesday ! Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini. Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani sur son blog.


 Pour cette participation, le thème est le suivant :

 Les 10 plus gros pavés que vous avez lus (ceux qui ont le plus grand nombre de pages)







Le Talisman (Stephen King et Peter Straub) : 1077 pages



 



Harry Potter et l’Ordre du Phénix (J.K. Rowling) : 975 pages



 


 
Le monde de Narnia Intégral (C.S. Lewis) : 869 pages



 


 Harry Potter et les Reliques de la mort (J.K. Rowling) : 809 pages




 



Les Royaumes d’épines et d’os 1 : Le Roi de Bruyère (Greg Keyes) : 774 pages




 


Twilight 4 : Breaking Down (Stephenie Meyer): 756 pages



 



Le clan des Otori 4 : Le Vol du Héron (Lian Hearn) : 748 pages



 
 

 
Star Wars : Le nouvel Ordre Jedi 19 : La Force unifiée (J. Luceno) : 730 pages



 



Harry Potter et le Prince de sang-mêlé (J.K. Rowling) : 715 pages




 



Millénium 3 : La reine dans le palais des courants d’air (S. Larsson) : 710 pages






jeudi 12 avril 2012

Alex Rider 9 : Le réveil de Scorpia de Anthony Horowitz


    Voici la chronique de l’ultime tome des aventures d’Alex Rider de Anthony Horowitz. Je conclu ainsi une des saga faisant l’objet du challenge serial lecteur (voir par ici).





Quatrième de couverture :
A seulement 15 ans, Alex Rider a frôle plusieurs fois la mort. Pour lui, le MI6 et la vie d'espion, c'est terminé.
C'est compter sans Scorpia, l'organisation criminelle, qui renaît de ses cendres, et dont les dirigeants n'ont qu'une idée en tête : se venger d'Alex. Scorpia place, une à une, ses pièces sur un véritable échiquier de la terreur. 
Cette fois, Alex Rider aura bien du mal à sortir indemne des mailles du filet.












Ma rencontre avec le livre :

Alex Rider et moi, c’est une longue histoire ! Tout a commencé je ne sais plus trop comment. La cause de cet oubli ? Et bien disons que j’ai commencé la série en 2005 ! Donc, oui, ça date un peu et j’avoue ne pas me rappeler les circonstances exactes de ma découverte. Sans doute au hasard de mes errances dans la médiathèque où j’allais lorsque j’avais des heures de libres entre deux cours.
En ce qui concerne ce tome précisément, là, je m’en rappelle très bien (encore heureux, ça date d’il y a deux semaines…) : médiathèque, j’en suis certain. Après plusieurs mois à attendre que l’unique exemplaire soit enfin « retrouvé », j’ai enfin pu l’emprunter !


Ma lecture du livre :

Petit rappel scénaristique pour ceux qui ne connaissent pas notre jeune ami Alex Rider et que la quatrième de couverture du présent tome n’a pas vraiment éclairé. Alex Rider est un jeune collégien anglais qui a la particularité de se retrouver depuis le premier tome de ses aventures obligé, malgré lui, de coopérer avec les services secrets britanniques. Son statut de collégien en font en effet l’agent idéal pour des missions délicates d’infiltration (et en théorie de simple observation mais qui tourne en général très mal pour notre héros). Il survit une fois, deux fois, et les directeurs sans scrupule du bureau du MI6 ne cessent ainsi de lui faire du chantage pour que le jeune collégien travaille à nouveau pour eux. Ses succès sont tels qu’Alex se met rapidement à dos la majorité des organisations criminelles et terroristes contre lesquelles lutte le MI6… C’est là qu’intervient cet ultime tome.


En effet, habituellement, c’est Alex qui débarque au milieu d’un complot visant à ruiner tel pays, à intoxiquer tous les enfants de tel autre état. Bref, c’est Alex qui vient embêter les méchants ! Ici, c’est tout le contraire : Scorpia, une organisation criminelle ridiculisée plusieurs fois par Alex et détenant des secrets sur son passé a décidé de se venger. Alex part bien en mission, à nouveau forcé par le MI6, mais cette fois tout n’est qu’un immense piège visant à supprimer Alex et à humilier le Royaume-Unis (pour ce second point, je n’en dis pas plus).


Afin de poser tous les éléments du piège orchestré par Scorpia, l’auteur prend ainsi le risque de donner un début très long à son roman : il faut attendre plus de 100 pages avant d’enfin retrouver Alex ! Ce risque s’avère cependant payant : certes, on s’impatiente un peu devant l’absence du héros mais une véritable tension s’installe. Le plan machiavélique se met doucement en place devant nos yeux et lorsque enfin on le rejoint, on ne peut que se dire « Oula, toi, mon pauvre, tu es mal barré ! ».


Un fragment de la frise du Parthénon
Que les habitués se rassurent cependant : Alex sera quand même amené à démêler un complot impliquant les frises antiques du Parthénon conservées au Brithish Museum (mon âme d’archéologue ne pouvait pas ne pas tomber sous le charme !). En effet, si Scorpia cherche à se venger d’Alex, on ne tombe pas dans un récit mono-centré sur cet aspect. L’organisation criminelle rentabilise son investissement en se servant du jeune collégien comme d’un pion dans le dit complot impliquant les dits vestiges archéologiques et visant à humilier le Royaume-Unis.


Globalement, l’intrigue est agréable à suivre. Malgré la différence d’âge depuis que j’ai commencé cette série, j’ai pris autant de plaisir à suivre Alex que par le passé. Le style d’Horowitz se veut simple, haletant, propice à un rythme soutenu au service d’une intrigue sans temps mort (mis à par la longue mise en place).


On sent tout au long du roman poindre un parfum de fin : des personnages sont sur le départ, l’auteur fait des allusions-hommages rétrospectifs aux  autres aventures d’Alex faisant ainsi revenir quelques guests-stars des tomes précédents. On soulignera en particulier le retour inattendu mais efficace d’un personnage du tome 2 dont j’avais, je l’avoue totalement oublié l’existence (et pour cause, j’ai lui Pointe blanche en 2005 !).


La délicate odeur de conclusion se sent également dans la discrète évolution de l’orientation de la série. Alex Rider était habituellement une série jeunesse d’espionnage avec un pitch de départ qui n’est pas des plus réalistes (un collégien espion qui survit à toutes ces aventures…). Mais ce n’est pas grave, on aime (ou pas pour l’histoire) et c’est agréablement écrit. Mais ici, pour la fin, Horowitz décide d’aller plus loin, comme si étant donné qu’il s’agit du dernier tome et que ses lecteurs ont grandi, il voulait les amener tout doucement vers des romans plus matures. Au revoir  les complot un peu tirés par les cheveux (cf. empoisonner tous les collégiens d’Angleterre en cachant un virus dans des ordinateurs…) et bonjour le complot plus sophistiqué et plus politique. Au revoir le « les gentils s’en sortent toujours et les gentils sont toujours vraiment gentils » et bonjour l’exécution de personnages clés et la nuance apporté à certains personnages.


Venons-en maintenant à LA question : il s’agit du dernier tome. Dès lors, Horwitz remplie-t-il son contrat de conclure la série ? Pour la réponse est indéniablement oui. Alex Rider est le genre de saga qu’il est difficile de clôturer : on peut toujours, si on le veut, trouver une nouvelle mission au héros car on trouvera toujours de nouveau terroristes. Ce n’est donc pas le simple fait de le faire triompher (ou non, à vous de lire pour le savoir) sur Scorpia qui peut justifier le qualificatif de conclusion. Horowitz n’essaye pas de nous duper ainsi. Non, il cherche véritablement à conclure non pas une x-ième mission mais l’évolution de son personnage. On l’a dit, l’auteur fait mûrir son style et son approche dans ce dernier roman et par la même occasion il fait également mûrir Alex. En cela, il s’agit pour moi de la conclusion parfaite, s’adaptant à l’évolution du lectorat tout en lui ouvrant la voie vers des livres plus adultes. On aimera ou on aimera pas le Alex transformé, devenu adulte en quelque sorte, que nous propose Horowitz. Mais dans tous les cas, je pense qu’on ne peut que saluer le travail de l’auteur pour offrir non pas simplement une ultime aventure venant juste s’ajouter aux huit autres mais bien une véritable conclusion au personnage permettant de tourner définitivement la page.


En conclusion (c’est le cas de le dire), un ultime tome à la hauteur de la série bien que légèrement différent. Bien construit, haletant (malgré une longue mise en place), il conclut à merveille les aventures d’Alex Rider qui ne ressort pas inchangé de cette ultime épreuve, sans doute la plus difficile qu’il ait eu à affronter jusque là. Les habitués aimeront, j’en suis sûr. Pour les autres, c’est l’occasion de découvrir la saga. ;-)


8,5 / 10
CITRIQ

mardi 10 avril 2012

Top Ten Tuesday 4



Quatrième Top Ten Tuesday ! Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini. Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani sur son blog.


 Pour cette participation, le thème est le suivant :

Les 10 auteurs dont vous attendez avec impatience un nouveau livre (annoncé ou non)



 


J.K. Rowling : bien sûr, comment ne pas la citer après l’attente insoutenable entre chaque tome d’Harry Potter !






 


Philipp Pullman : à quand le Livre de la Poussière annoncé comme prolongement de l’univers d’A la Croisée des mondes et en projet depuis de longues années maintenant ?





 

Patrick Ness : ayant été transporté par le caractère novateur de la trilogie du Chaos en Marche, j’attends avec un impatience de pouvoir me frotter à nouveau à cet auteur ! Sortie de son prochain roman programmée le 20 avril (Quelques minutes après minuit).




 



Lemony Snicket : j’attends désespérément que l’auteur des Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire nous propose une nouvelle fournée de malheurs et d’humour grinçant !



 


Anthony Horowitz : je viens de finir l’ultime tome des aventures d’Alex Rider et je suis un peu nostalgique. Il est normal par conséquent que cet auteur (pour un impossible 10ème tome du jeune espion) figure dans ce TTT !

samedi 7 avril 2012

[Vie du blog] Premier partenariat : Editions du petit caveau


J'ai l'immense plaisir aujourd'hui de vous annoncer que je viens de décrocher mon premier partenariat avec une maison d'édition : Les Editions du Petit Caveau.




Une petite présentation de cette maison d'édition s'impose ! Créée il y a quelques années dans une perspective associative et dirigée avant tout par des bénévoles et passionnés, Le petit caveau a pris le parti de se spécialiser dans la "littérature-vampirique" (appelationplus large que la "bit-litt"). Cependant, ne vous y trompez-pas : au programme vous ne trouverez pas des ersatz de Twilight mais bien des œuvres aux orientations originales et très surprenantes, comme c'est le cas du Mauve Empire de VK Valev qui fait l'objet de ce partenariat.






Cette maison d'édition s'est récemment lancée dans le marché de l'ebook. C'est dans le but de diffuser ce moyen alternatif, fort utile pour faire connaître les jeunes auteurs à un moindre coup lorsque le monde de l'édition papier apparaît relativement fermé, que les Editions du petit caveau ont lancé l'opération "Croc'ebook". Le principe est simple : les éditions proposent un ebook gratuitement contre une chronique pertinente et honnête. J'ai eu la chance de faire partie des quelques sélectionnés pour l'opération portant sur Le Mauve Empire de VK Valev. Je n'ai jamais testé la lecture d'ebook mais l'occasion était trop tentante pour refuser !


Mais de quoi parle donc ce roman. Je vous l'ai dit, il s'agit d'une histoire de vampire mais très loin d'être banale ! Pour preuve, en voici le résumé, disponible sur le site des Editions du Petit Caveau :


Séverin Desjaunes mène une vie effrénée. Jeune ingénieur de la firme Fun Technologies, il se rend dès la nuit tombée dans l’hôpital où il exerce son talent de magnétiseur, à la demande d’un ami – le docteur Pravédine.Pourtant, le don surnaturel dont bénéficie Séverin ne semble pas suffisant pour venir en aide à la seule personne qu’il souhaite vraiment guérir : sa femme, Arline, qui souffre d’une variante super-résistante de la tuberculose. Afin d’essayer de sauver son épouse, le jeune homme doit remonter jusqu’à l’origine de son pouvoir.
Commence alors un voyage dans un monde où rien ne semble être ce qu’il paraît, où les médecins sont des tueurs, où les vampires sauvent la vie, et où la mort n’est qu’un passage.
Finalement, c’est au sein de ce chaos, quand les notions d’opposition et de complémentarité s’effondrent, qu’une vie et une humanité nouvelles prendront forme.



Intriguant, non ? On verra ce qu'il en ressort lorsque je l'aurai lu ! Rendez-vous ici-même pour la chronique très bientôt ! Et merci encore aux Éditions du Petit Caveau de m'accorder leur confiance à l'occasion de ce premier partenariat !




mercredi 4 avril 2012

La guerre des éléments de Perrine Rousselot






Quatrième de couverture
Je m’appelle Avril, j’ai dix-sept ans et la vie d’une adolescente normale. J’ai un petit ami qui s’appelle Mickaël et ma meilleure amie Aline est en Terminale avec moi. Chose qui pourrait paraître étrange, j’ai un animal de compagnie qui s’appelle Lux, c’est une luciole. Le jour où je découvre un monstre sous mon lit, je me précipite chez Mickaël mais y découvre un autre garçon du nom de Snow qui me vole un baiser. Qui est-il ? Et comment peut-il savoir tant de choses sur moi et mon amitié particulière avec Lux ?


Lien vers le blog de l'auteur, suivez Lux : La guerre des éléments






Ma rencontre avec le livre :

C’est à la blogosphère que je dois d’avoir rencontré ce roman ! En effet, j’ai d’abord croisé Perrine sur différents blogs / forums avant de découvrir qu’elle était elle-même auteur. Intrigué, j’ai jeté un œil à son travail et aux échos qui en résultaient. Le tout laissant présager une bonne surprise, j’ai directement contacté Perrine afin de lui commander un exemplaire du roman. Quelques jours plus tard, je recevais mon livre dédicacé de la main de son auteur ! La lecture pouvait commencer !


Ma lecture du livre :

Avant de commander le livre, j’avais un peu fait le tour des avis disponibles sur la toile. Globalement très positifs, je n’ai pas hésité longtemps. Cependant, j’avais tout de même, il faut bien l’avouer, quelques craintes en raison du caractère auto-édité du roman. Et bien, je peux vous dire d’emblée que je me trompais ! Le roman de Perrine, malgré quelques tous petits détails, s’avère comme je l’espérais une lecture des plus agréables !


L’intrigue, simple mais efficace, semble au premier abord peu originale: une lutte sans merci entre les éléments naturels,  une lycéenne et ses amis emportés par le conflit, une histoire d’amour et un parcours initiatique pour la jeune héroïne. Pourtant, l’auteur nous propose une approche qui tranche d’avec les quêtes périlleuses alliant globe-trotteur et aventures rocambolesques. En effet, la quête et les péripéties traversées par Avril, l’héroïne, prennent place dans « sa vie de tous les jours », si tant est qu’on puisse considérer sa vie comme banale ! Bien sûr, les enjeux de l’histoire n’en sont pas pour autant moins importants que dans une autre histoire de fantasy (lutte des ténèbres contre la lumière) et c’est donc une approche très originale de présenter ce combat dans le microcosme de la ville de Reims.


Par conséquent, les personnages ne sont pas excessivement nombreux : tous gravitent plus ou moins loin dans les sphères de connaissances traditionnelles d’Avril. Amis du lycée, proviseur, parents, ils sont tous tirés de la vie quotidienne de l’héroïne, renforçant à nouveau cet ancrage de l’histoire dans un quotidien réaliste qui fait selon moi toute l’originalité du roman. On peut regretter en revanche que tous les personnages ne soient pas équitablement exploités.


Le personnage de Snow m’a agréablement surpris et constitue pour moi le meilleur personnage du roman. Horripilant au début, il devient rapidement très attachant (à l’image de son homonyme de Final Fantasy XIII qui lui a servi d’inspiration si je ne m’abuse !). Avril fait partie, en revanche, des personnages qui m’ont un peu déçu en raison d’une évolution un peu moins convaincante, car traitée trop rapidement. Cela est peut-être lié au fait que je suis un garçon (on y reviendra plus loin ; pas au fait que je suis un garçon mais au personnage d’Avril !). Enfin, certains personnages font un peu figure d’apparat, ce qui est dommage. Le personnage de Mathieu disparaît ainsi rapidement de l’intrigue sans avoir été réellement approfondi selon moi.


Ces quelques manques au niveau des personnages ne nuisent cependant pas au développement de l’intrigue. Celle-ci, on l’a dit, est simple mais efficace. On est pris par l’histoire, le rythme est soutenu et le roman ne connaît aucun temps mort ! C’est parfait, on a pas le temps de s’ennuyer mais du coup, on regrette parfois que certains passages passent si vite : la formation d’Avril, ses missions, la façon dont elle gère intérieurement ce qui lui arrive. Qu’on ne se trompe pas : cet aspect est certes une critique mais aussi et surtout un éloge ! Si on en veut plus, c’est donc bien que ce qu’on a nous plaît et est de bonne qualité !


Le style est globalement agréable. Perrine Rousselot ne s’embête pas avec des tournures compliquées mais ne tombe pas non plus dans une écriture enfantine. Elle adopte un juste milieu.


Cela me conduit à poser la question du public visé, en terme d’âge mais aussi en terme de fille/garçon. Pas tout à fait un roman jeunesse, mais pas non plus tout à fait un roman adulte, je dirai que le roman s’adresse plutôt à un public en fin d’adolescence (à partir de 14-15 ans, j’ai un peu de mal à me faire une idée) en raison de certains aspects de la découverte et de l’apprentissage d’Avril, en particulier en ce qui concerne sa vie amoureuse. Je ne suis pas pour une littérature prude, non, pas du tout. Mais simplement, le parti pris de l’auteur de développer certains aspects et de leur donner une place cruciale dans sa mythologie des éléments tranchent ici un peu avec une ligne éditoriale qui permettrait d’élargir la lecture du roman à un public plus jeune. A l’opposé, ces aspects « apprentissage » peuvent rebuter un peu les lecteurs plus âgés et paraître un peu dépassés. Il s’agit là selon moi du seul choix qui nuit un peu au roman au sens où il l’empêche de trouver une position claire. Mais, l’avantage, c’est qu’au moins nous avons là une approche originale. Il est également possible que cet aspect m’ait légèrement dérangé à cause du fait que je suis un garçon et que les problèmes d’Avril (uniquement sur ce plan là) ne m’intéressaient pas vraiment.


Mais rassurez-vous ! Les questions amoureuses ne sont vraiment présentes que dans le premier tiers du roman. Cette ficelle de l’intrigue se résout assez vite et on passe rapidement à une histoire bien plus propice à intéresser tous les types de lecteurs ! Perrine réussit ainsi à réconcilier tout le monde dans la majorité du roman, ça fonctionne, on veut savoir la suite et c’est ça l’essentiel !



En résumé, La guerre des éléments nous propose donc une histoire originale par son approche et prenante. Si quelques détails viennent parfois nous déranger, on en tient pas rigueur à l’auteur qui propose pour son premier roman quelque chose de tout à fait convaincant et intéressant ! On sent que Perrine est sur la bonne voie, que les idées et la plume sont là. Il reste simplement à définir peut-être plus clairement l’identité des romans, non pas en rentrant dans le moule d’un genre mais bien au contraire en approfondissant les originalités qu’on sent en germe ici et en les posant en cadre d’un genre assumé  propre à son auteur.



7,5 / 10

lundi 2 avril 2012

[Et Cetera 4] Théâtre : Têtes rondes et têtes pointues de Berthold Brecht mis en scène par Christophe Rauck


Nouvel article dans la rubrique "Et cetera ?" (et le reste ?). Après le cinéma, retour à un autre art visuel : le théâtre ! Avec une pièce tout simplement exceptionnelle. Explications dans l'article ! 



© Anne Nordmann


Auteur : Bertolt BRECHT
Metteur en scène : Christophe RAUCK
Dramaturgie : Leslie SIX
Scénographie : Jean-Marc STEHLÉ
Costumes : Coralie SANVOISIN
Masques, coiffures et chapeaux : Judith DUBOIS
Lumière : Olivier OUDIOU
Musique : Arthur BESSON
Collaboration chorégraphique : Claire RICHARD
Son : Thierry GEFFARD
Répétition chant : Jean-François LOMBARD
Assistanat à la scénographie : Catherine RANKL
Comédiens : Myriam AZENCOT, Emeline BAYART, Marc CHOUPPART, Philippe HOTTIER, Jean-Philippe MEYER, Juliette PLUMECOCQ-MECH, Camille SCHNEBELEN , Marc SUSINI, Alain TRÉTOUT








C’est simple, je crois qu’il s’agit de mon coup de cœur théâtral de l’année ! Il me reste encore une pièce dans mon abonnement (Merlin) et j’espère qu’elle sera aussi réussie.


Coup de cœur, donc, puisque j’ai été littéralement transporté pendant les 3h de spectacle qui étaient proposées. Transporté, mais où ? Dans le pays imaginaire de Yahoo, un royaume majoritairement paysan où les Cinq grands Fermiers exploitent les pauvres travailleurs de la terre en prélevant des impôts excessivement élevés. La colère gronde parmi la population, le mouvement paysan révolutionnaire appelé « la Faucille » prend de l’ampleur et attire de plus en plus de mécontents. Le gouvernement, qui commence à craindre pour sa sécurité, décide alors de donner le pouvoir à un certain Iberin avec pour mission de diviser le peuple afin de le détourner des enjeux et luttes économiques. Son outil : une idéologie raciale distinguant les hommes à la tête ronde (les Tchouks, considérés comme les « vrais » habitants du pays) et ceux à la tête pointue (les Tchichs, jugés inférieurs, soi-disant venus de l’extérieur et à l’origine de tous les problèmes). Commence alors une purge où se mêleront les destins de différents personnages.


© Anne Nordmann
La pièce parle donc d’un sujet grave. Et pour cause, son auteur, Brecht, l’a écrite lors de la montée du nazisme dans son pays natal. Derrière le démagogue Iberin on devine aisément un Hitler en puissance. Pourtant, le parti est pris de présenter cette situation comme une énorme farce, un spectacle de marionnettes (les acteurs portaient des masques uniformes les faisant ressembler tous à des pantins de bois selon moi). Pourquoi ? Tout simplement parce que le but tel que je le perçois est ici de nous montrer que la population est manipulée par les puissants. L’idéologie n’est qu’une mascarade qu’on sert au peuple pour en réalité couver les véritables tensions et les véritables problèmes que sont les inégalités socio-économiques. Brecht le dit lui-même au début de la pièce : un personnage monte seul sur scène et explique comment l’auteur a conçu sa pièce et que son intention est de montrer que, en tout lieu et en tout temps, c’est le pauvre qui s’oppose au riche. Vous l’avez compris, Brecht était imprégné par l’idée de la lutte des classes comme facteur structurant de la société.


La mise en scène se veut donc divertissante et joyeuse malgré la gravité du sujet. Les personnages sont drôles et caricaturaux (le vieux paysan mal dégrossi, la fille de la campagne devenue prostituée, la tenancière de la maison close, la fille noble voulant entrer au couvent etc). On danse et on chante sur scène, alternant ainsi des morceaux de théâtre classique et un aspect spectacle total. La musique et les chansons étaient d’ailleurs très agréables.


Concernant les aspects plus traditionnels du théâtre, j’ai trouvé les décors et les costumes très réussis. La scène imitait une ville quelconque (en l’occurrence la capitale de Yahoo) avec des panneau de carton aux formes de maisons pouvant glisser sur la scène et en changer la structure. Les costumes étaient quant à eux d’une vague inspiration Entre-deux-guerres offrant ainsi une certaine réalité à l’histoire.


© Anne Nordmann
Le jeu des acteurs était convaincant et malgré le côté caricatural volontaire, on ne pouvait pas ne pas adhérer à l’histoire et la prendre au sérieux. J’ai tout particulièrement apprécié les jeux des deux femmes au cœur de l’histoire : la fille du paysan venue vivre en ville en se prostituant et la sœur d’un des Cinq Grands Fermiers désirant, elle, au contraire, entrer au couvent. Ces deux personnages, radicalement opposés portent la pièce aussi bien par leur place dans l’intrigue que par leur interprétation. Mention spéciale aussi à l’acteur interprétant à la fois le ministre du gouvernement et l’avocat lors des procès.




J’ai donc été totalement charmé par cette pièce croisant critique des idéologies racistes, questionnement de la lutte des classes, danse, chant et humour. Je ne peux que vous conseiller d’aller la voir (même si je le sais, c’est bien plus difficile dans le cas d’une pièce de théâtre que pour un film de cinéma). Mais, ne sait-on jamais, j’ai réussi à trouver des dates de la tournée de la compagnie ayant joué à Strasbourg et cela ne me coûte rien de vous les donner !


Prochaines représentations en France :
4 avril 2012 Scène Nationale de Macon
2 et 3 mai 2012 Théâtre de Cornouailles - Scène Nationale de Quimper

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